VEGSKIN : une solution végétale low-tech alternative au cuir

VEGSKIN : une solution végétale low-tech alternative au cuir

Vegskin la matière végétale logo
21 févr. 2022
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La création de Vegskin

Loic de Vegskin

Vegskin crée une nouvelle matière végétale issue de la valorisation de déchets de fruits.

La volonté affichée est de produire une matière respectueuse de l’environnement et du vivant. C’est pourquoi cette matière se veut exempte de tout produit issu de la pétrochimie.

Allier lutte contre le gaspillage alimentaire et le respect du bien-être animal est désormais possible pour une matière qui peut convenir pour la création de chaussures, de maroquinerie et d’ameublement.

L’objectif de Vegskin est d’être le premier fournisseur Français de matière végétale alternative au cuir : 

«Nous souhaitons mettre à disposition des créateurs, designers et grandes marques une solution alternative au cuir saine et produite à 100% en France ». 

Anciennement responsable commercial, c’est il y a un peu plus d’un an que Loïc Debrabander et sa compagne Annaëlle Picavet ont décidé de se lancer dans la création de Vegskin.

Tous deux végétariens, ce sont leurs valeurs qui les ont poussés à créer Vegskin. En effet, c’est la manière dont est créé le cuir qui a été un véritable déclic pour eux.

C’est la condition animale qui a été le premier facteur et qui leur a donné envie d’oser changer les choses. Cependant, au fil des recherches, Loïc et Annaëlle se sont aussi rendu compte de l’impact environnemental que cela engendrait.

De plus, la condition humaine n’est pas en reste : des personnes travaillent sans protection dans des bains de chrome et beaucoup d’enfants font partie de cette industrie.

« Plus on voit de choses qui émergent et plus on se dit qu’il faut qu’on agisse parce que ceux qui émergent sont ceux qui surfent sur la vague du végan mais qui ne regardent pas l’aspect environnemental ».

Les engagements de Vegskin

La transparence est l’un des principaux engagements de Loïc et Annaëlle. En effet, il est important pour eux de contrer l’effet grandissant du greenwashing. Pour cela, ils n’hésitent pas à entreprendre différentes actions et à faire d’importants partis pris. Pour exemple, afin d’éviter toute pétrochimie, ils ont choisi de ne pas proposer certaines couleurs :

« Parce que sans pétrochimie, certaines couleurs n’existent pas. Ce sont nos choix, nos valeurs. On a décidé d’y aller de cette manière ; on garde le cap. Et on le fait, même s’il y a des compromis à faire. »

Matière végétale Vegskin

En effet, un grand nombre d’industriels et de porteurs de projet se tournent vers la création d’articles en matière végétale. Souvent, ces alternatives sont constituées en majorité de plastiques ou de polyuréthanes et seulement d’une partie minime de matières végétales. Pour les fondateurs de Vegskin, cela est non-sens et ils souhaitent quant à eux utiliser à minima 80 à 90% de végétaux.

Portant cette envie d’être 100% transparents, dans le respect du vivant et de l’environnement, les deux cofondateurs sont déterminés à faire bouger les choses

«On est passionné par cela. On va voir une matière qui est plastique, qui est sans âme, ça ne va pas nous intéresser. Au toucher, on souhaite créer quelque chose qui a une histoire, du vivant derrière.»

 

Pour la mise en œuvre, ces deux fondateurs ont choisi d’être accompagnés par Fashion Green Hub. Grâce à la formation Fashion Green Business, ils ont pu :

  • découvrir l’aspect technique lié au textile ;
  • comprendre les modèles établis dans l’industrie de la mode ;
  • se positionner avec des points différenciants, permettant de coller aux attentes du marché de demain.
matière de Vegskin

Le succès de la marque

Pour réussir à élaborer cette matière végétale innovante, alternative au cuir et au plastique, ils ont expérimenté leur méthode avec différents fruits et légumes, comme des champignons, des pommes de terre et des betteraves. Faute de résultats concluants, ils se sont alors tournés vers des produits qu’ils avaient sous la main. Dans leur cuisine, ils se sont rendu compte qu’avec des fruits comme la mangue ou la banane, cela fonctionnait.

Aujourd’hui, grâce à un partenariat solide avec un industriel régional spécialisé dans la collecte de déchets, ce sont 100 tonnes de bananes impropres à la consommation, qui seront utilisées pour fabriquer 5 000 à 8 000 mètres carrés de cette matière végétale.

« Cela a été du continu, de l’apprentissage. On a appris à échouer et à comprendre pourquoi nous avions échoué pour reproduire d’autres choses en permanence. »

Aujourd’hui, Vegskin est dans une phase de validations et de tests en laboratoires. C’est-à-dire, une mise en disposition d’échantillonnage auprès de grandes marques partenaires pour effectuer des tests de prototypage.

« Nous sommes désormais à un moment où nous allons avoir besoin de renforcer l’équipe pour pouvoir continuer à parfaire la matière, continuer à s’améliorer. Plus on avance et plus on aura besoin de compétences techniques sur le sujet. Nous espérons trouver des financements nous permettant d’avoir les moyens d’atteindre ces objectifs. Mais aussi pour démarrer la production semi-industrielle avant, je l’espère, la fin de l’année. »

Loïc Debrabander était d’ailleurs présent lors des Fashion Green Days Territoires Fabricants, les 6, 7 et 8 octobre 2021. Au côté d’Alix Salmon (Safilin), Julien Tuffery (Atelier Tuffery), Mathieu Ebbesen-Goudin (Virgocoop) et Olivier Segard (Segard Masurel), il est intervenu lors de la table ronde « Réindustrialisation et ressources locales », modérée par Nathalie Lebas-Vautier (Good Fabric).

Rédactrice : Océane Pouplier

Actuellement étudiante à l’école ISEFAC Bachelor de Lille.