Antoine Munch de Collectionism : "J'ai trouvé dans l'art des réponses"

Antoine Munch est passionné par l'art contemporain. De cette passion, il en a fait son métier en créant Collectionism. Collectionism accompagne les sociétés dans le développement et l’animation de leur collection d’art contemporain. Cela passe par du conseil, de la médiation, des formations, et de nombreux autres services.

Nous l'avons rencontré chez lui. Il nous en dit plus sur Collectionism.

Pouvez-vous nous raconter un peu votre parcours ?

Pour commencer, j'ai étudié pendant cinq ans en école de commerce, ensuite j'ai fait une belle année au Chili, puis j'ai travaillé dans le consulting, notamment dans le domaine pharmaceutique. Une première expérience passionnante dans laquelle j'ai énormément appris !

Par la suite, je me suis associé avec un ami d'enfance artiste, Quentin Carnaille, pour développer ensemble sa marque, c’est-à-dire son nom à lui. J'ai toujours eu une sensibilité à l'art, notamment grâce à mes parents. Quentin avait commencé son art avec des mécanismes horlogers, puis il avait eu un gros succès à Lille avec des montres qui ne donnaient pas l'heure. Je suis arrivé à peu près à ce moment-là, et il était question de continuer à se réinventer. Nous avons vraiment développé toute une recherche enrichissante sur l'art contemporain. Ça a été une aventure humaine exceptionnelle !

Après cinq années passionnantes sur ce projet, je me suis lancé dans une nouvelle aventure et j'ai développé ce nouveau projet : Collectionism.

Du coup, qu'est-ce que Collectionism ?

Collectionism est une société qui accompagne les entreprises dans le développement des collections d'art contemporain. Nous proposons donc une panoplie de services assez large. Nous offrons notamment des services de conseil en acquisition, ce que l'on appelle "art advisory". Depuis plusieurs années, j'ai vraiment un regard sur le marché de l'art, et des contacts formidables avec les galeries. Ça, c'est une première chose, mais nous apportons également toute une gamme de services, comme de l'accrochage, de la médiation auprès des salariés, de la formation. Nous proposons des formations en entreprise sur l'art contemporain, soit en demi-journée, soit sous forme de teambuilding.

Il y a toute une partie médiation aussi. Il y a beaucoup de chefs d'entreprise qui achètent par la solution de financement (leasing, LOA) que nous proposons, et c'est aussi pour cela que nous fonctionnons bien auprès des galeries. Car les galeries vont faire appel à nous lorsqu'elles ont un chef d'entreprise face à elles, pour qu'on puisse s'occuper du financement.

Puis nous avons toute une partie de création de projets sur mesure pour les entreprises, de mettre en lien un artiste et une entreprise pour pouvoir faire des muraux, ou même designer des objets ensemble. Il y a plein de choses à faire !

Votre client principal et unique, c'est donc l'entreprise ?

Nous proposons aussi quelques fois nos services au particulier, mas oui, plus de 95% de nos clients sont des entreprises.

Pourquoi l'entreprise ? Parce que l'entreprise est vraiment le lieu où l'art contemporain peut s'exprimer. Nous passons beaucoup de temps dans nos sociétés, et il y a beaucoup d'entreprises qui n'ont pas d'art contemporain en leur sein, ou pas d'art du tout. Alors qu'il y a un véritable engagement des artistes aujourd'hui, sur comment notre monde évolue. Je pense que les artistes sont vraiment le pouls, ceux qui sont capables de dire ce qu'il se passe aujourd'hui dans le monde, de dénoncer, de mettre en valeur. Donc je pense qu'il y a vraiment toute une émotion à partager avec ses salariés grâce à l'art. Et c'est l'idée de Collectionism !

Quand les chefs d'entreprise font une acquisition, notre but est de leur dire : "Parlez-en à vos salariés". C’est-à-dire que cette œuvre, c'est son délire à lui, c'est son goût à lui, mais il faut qu'il le partage. C'est un partage qui est souvent assez intime, parfois compliqué, et très riche. Le chef d'entreprise se livre de manière plutôt intime auprès de ses salariés.

Vous êtes en fait le lien entre l'entreprise et la galerie ou l'artiste ?

Exactement ! Nous travaillons avec des artistes en direct, mais c'est quand même assez rare. Nous collaborons surtout avec les galeries. Parce que j'estime que les galeries ont déjà ce travail d'apporter un œil expert. Et donc, les galeries vont déjà faire un travail de sélection exceptionnel, et trouver les nouveaux et bons artistes sur le marché. L'idée c'est donc effectivement d'être le lien entre l'entreprise et les galeries.

D'où vous vient cette passion de l'art contemporain ?

Bonne question ! Je pense que je suis quelqu'un de sensible, d'ouvert sur le monde, et surtout, je suis curieux. Je suis très attiré par l'esthétique, donc forcément vers l'art, vers le beau. Et je crois que j'ai trouvé dans l'art des réponses, ou en tout cas de la beauté, de l'esthétique pure. J'ai un master en arts plastiques de l'Université de Lille. La recherche et la théorie me passionnent aussi dans l'art.

Ce que l'on va appeler l'art contemporain, c'est l'art de 1945 à nos jours. Et à cette période-là, l'art est devenu très conceptuel. On a creusé toute une réflexion passionnante sur l'art, sur le public, sur l'impact entre le public et l'art, sur la science et l'art, sur la société... On n'a plus juste fait du beau, et on a finalement réfléchi à ce que l'on faisait. Et je trouve ça passionnant !

Comment se passent donc les formations que vous proposez ?

Pour les formations, je travaille avec une formatrice experte dans le domaine. C'est assez simple : une fois que le patron décide de partager cette passion avec ses salariés, nous allons trouver un créneau pour cette formation. La formation peut prendre plusieurs formes et nous pouvons l'adapter en fonction des demandes. Nous pouvons proposer une journée de teambuilding au LAM de Villeneuve d'Ascq par exemple.

Nous allons commencer par une première partie de la formation sur l'histoire de l'art contemporain. Puis nous allons avoir toute une partie pour donner les clés de lecture d'une œuvre d'art contemporaine, justement pour rentrer dans l'œuvre, dans le concept, et ne plus rentrer juste dans l'esthétique. Puisqu'aujourd'hui dans l'art contemporain, c'est souvent le pourquoi qui est important dans une œuvre. Aujourd'hui, si j'essaie de regarder l'art contemporain, je vais le regarder avec mon cerveau et plus uniquement avec mes yeux, et donc il faut avoir les clés de lecture pour cela.

Nous incitons également à aller chercher l'explication d'une œuvre. Si l'œuvre vous plaît, si vous avez émotionnellement ressenti quelque chose en la regardant, allez demander des explications, parce qu'il y a sûrement quelque chose de beaucoup plus intéressant encore qui se cache derrière la pensée de l'artiste !

Quels sont les projets pour la suite de Collectionism ?

Il y en a plusieurs ! En ce moment, je travaille beaucoup sur le développement de Collectionism hors des frontières françaises. Je suis notamment en développement avec un partenaire en Belgique, parce que c'est très proche et que ce pays est un vivier de collectionneurs incroyables ! Et je travaille également sur le développement aux Etats-Unis.

Et après, mon objectif est de vraiment de continuer à développer la partie conseil, et de développer une offre très spécifique. J'ai aussi un projet en cours que j'aimerais lancer en 2022...

Sauriez-vous nous citer une œuvre qui a marqué votre vie ?

Il y en a plein ! Pour en choisir une, je dirais "Trolleys" de Banksy. Banksy est un artiste très connu, très fort sur les images, et il est assez simple à comprendre. "Trolleys", c'est une lithographie sur laquelle des hommes préhistoriques armés de lances sont en train de regarder craintifs des chariots de supermarchés, en pleine savane. Ces hommes les regardent et essayent de les chasser avec leurs armes. C'est une œuvre très forte sur le consumérisme. L'impact sur le spectateur est immédiat, et je trouve que c'est vraiment la force de Banksy !