Rencontre avec Samuel Baba alias baba_sam, photographe lillois

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois : «Une ville intime »

Samuel Baba fait partie des premiers photographes à monter sur les toits de Lille pour immortaliser la ville…

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois

Samuel Baba a 30 ans. Sur Instagram, il est plus connu sous le nom de baba_sam. Son premier métier : kinésithérapeute. Son deuxième métier : photographe.

Rencontre avec cet artiste amoureux de sa ville, Lille.

Peux-tu nous parler de ton métier de photographe ?

Mon second métier, disons ! C’est arrivé un peu sur le tas, parce que ça n’était pas tellement prévu. J’ai démarré la photo il y a trois ans et ça s’est un peu emballé sur Instagram. J’avais beaucoup de réactions quand je mettais des photos et donc la visibilité a suivi et s’est faite assez rapidement. J’ai commencé à être contacté par des marques, par des entreprises, etc.

C’est drôle, parce que ce n’était pas du tout l’idée au départ. Je mettais des photos sur Instagram et j’aimais bien. C’était plus un travail personnel et artistique et ça s’est transformé après en job. Parce qu’on a commencé à me contacter, et de fil en aiguille, j’ai reçu de plus en plus de coups de fil… Donc j’ai réorganisé ma vie professionnelle pour diminuer de moitié mes heures de kiné et pour avoir le temps.

D’où te vient cette passion de la photo ?

Je ne sais pas trop. Je sais que j’ai toujours eu un attrait pour le travail de l’image. Petit, à 12-13 ans, j’avais déjà Photoshop et je créais des fonds d’écran. Sans le savoir, je travaillais un peu de l’image. Je faisais aussi des montages photos : je retouchais en prenant des paysages et en essayant d’incruster des personnes dessus.

Et je me suis toujours dit que c’était vraiment pas mal ce que faisaient les photographes. Il y avait des photos qui me parlaient, je trouvais ça bien. Puis, un jour, je me suis dit que j’allais essayer moi-même de faire des photos, au lieu de télécharger celles des autres et commencer à jouer dessus. Et du coup voilà, je suis parti là-dedans et comme je disais, ça s’est transformé en métier alors que ce n’était pas prévu.

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois

Tu as donc deux professions. Comment fais-tu pour t’organiser ?

Je reprends une question qu’on me pose beaucoup : « Quand est-ce que tu arrêtes la kiné pour passer à plein temps à la photographie ? » Mais non, ce n’est pas le but. C’est aussi un métier que j’aime bien. Je pense qu’il faut le dire, j’ai aussi fait ça par passion, donc je suis très content de pouvoir continuer à bosser là-dedans. Parce que ça risque de me manquer si j’arrête.

J’arrive à faire du mi-temps et je m’organise pour bosser les matinées et les débuts d’après-midi à la clinique et puis souvent, les milieux d’après-midi et fin de journée, c’est le travail photo. Et en fait, c’est très équilibré, parce que j’ai encore cette petite sécurité qui est de bosser à la clinique. Et comme j’ai cette sécurité d’emploi sur ce premier travail, je ne prends pas non plus beaucoup de contrats photo. Je sélectionne, aussi pour ne pas avoir un planning débordé à dire oui à tout.

Toi, avec ton œil de photographe, qu’est-ce que Lille a de spécial ?

Ce que j’aime à Lille, avant de parler de photo, c’est d’abord sa taille. Parce que je trouve que c’est une grande ville qui reste à taille humaine. Je pense que tout Lillois connaît très bien tout assez facilement et rapidement, tous les quartiers de Lille. Ce n’est pas trop grand, tout se fait à pied, tout se fait à vélo. C’est ce que j’aime beaucoup dans cette ville, c’est que tu peux en une demi-heure être partout sans prendre forcément les transports en commun.

J’ai une espèce de relation d’intimité avec cette ville. J’étais ravi, quand j’allais à l’école, de passer à pied par la Grand’Place et me balader dans les rues que je ne connaissais pas forcément. Maintenant je connais presque tout par cœur… Je ne sais pas, j’aime bien, j’ai l’impression que c’est une ville intime. Ça reste petit, tu t’y retrouves, tu as tes petites habitudes…

Et après, on a quand même une très très belle architecture à Lille ! Les gens sont tous surpris. J’ai pas mal de copains qui viennent, qui n’étaient jamais venus et qui disent : « Ah mais en fait c’est beau Lille ! » Et effectivement, c’est beau ! Et même a travers les photos finalement. Je reçois aussi beaucoup de messages disant : « C’est magnifique, il faut absolument que je vienne à Lille ». On arrive à leur donner envie. Mais après, la photo, finalement, c’est juste pour refléter ce que beaucoup de gens ont bien construit et bien aménagé avant nous.

Donc oui, Lille, c’est une ville à voir !

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois

Quel est ton endroit préféré à Lille ?

Oh, je ne sais pas, c’est une question compliquée ! Je fais beaucoup de photos dans le Vieux-Lille, j’adore. C’est l’ambiance des rues pavées, des anciennes maisons… J’ai découvert il n’y a pas longtemps des maisons qui sont complètement bancales rue du Pont-Neuf. C’est tout ce petit charme, l’authenticité, l’histoire des rues, l’histoire de la ville, etc. Et c’est ce coin-là que j’arpente le plus.

Et un endroit spécifique, je n’en ai pas trop. J’adore l’Ilot Comtesse. C’est le bâtiment qui a le plus de charme et qui a aussi énormément d’histoire. Il reste même encore des canaux en dessous où on peut descendre. C’est à la fois l’histoire et l’architecture de ce coin-là que j’adore.

Tu as fait des projets avec d’autres photographes de Lille. Peux-tu nous parler un peu de toute cette communauté de photographes ?

Il y en a de plus en plus. C’est assez rigolo à voir parce que finalement c’est toute une petite communauté qui s’est développée et qui continue à se développer. Et effectivement, on fait de plus en plus de projets, de shootings ensemble. Il y a quelque chose qui s’est créé, sans que quelqu’un l’ait décidé un jour : des espèces de réunions où l’un dit : « Je vais faire le coucher de soleil, qui veut venir ? » Puis on part en groupe de 2-3-4, parfois plus, pour aller sur un endroit pour essayer chacun de raconter une scène ou un paysage à sa manière.

Il y a vraiment une communauté maintenant. On n’était pas beaucoup au démarrage, il y avait sailoralex, il y avait Robin (mindwide), et moi, baba_sam… On n’était pas beaucoup et je pense qu’aujourd’hui, on peut compter facilement une quinzaine de photographes un peu dans cette même dynamique et c’est ça qui est assez chouette, d’avoir un petit mouvement qui s’est créé autour de ça.

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois

Qui sont tes inspirations artistiques ?

Justement, j’en parlais avant, au départ, il y a eu Robin (mindwide). Il a aussi été déclencheur de cette envie de faire de la photo. Parce que lui, il a commencé un peu avant tout le monde à grimper sur les toits et à proposer des vues assez inédites de la ville de Lille. Et donc j’avais déjà ce rapport à l’image qui était important, et quand j’ai vu son travail à lui, ça m’a rapidement impacté. Je me suis dit : « C’est génial ce qu’il fait, j’aimerais bien faire pareil en fait, arriver au même résultat ». Donc ça a été une inspiration et un déclenchement.

Donc il y a lui qui a beaucoup compté. Et après, en source d’inspiration, c’est l’avantage et le problème d’Instagram, c’est qu’il y a énormément de gens, donc en fait, il y a énormément de sources d’inspiration. Je n’ai pas de modèle direct, j’en ai beaucoup. Je m’inspire d’énormément de comptes et de villes aussi. Par exemple, j’aime tout ce qui se fait à Chicago, à New York et j’essaie de transposer cette ambiance que moi j’aime bien à Lille, sur ce terrain de jeu là.

Toi qui travailles beaucoup sur les réseaux sociaux, est-ce que tu penses que ces réseaux influencent notre société ?

Oui, je pense. À partir du moment où tu as de la visibilité, il y a des gens qui suivent ce que tu fais, c’est vrai. Par exemple, quand je suis allé dans un café et que j’ai eu un petit coup de cœur pour ce café, ça me fait plaisir de faire une petite story pour inciter à y venir. Après ça, j’ai toujours des retours de personnes qui me disent : « On y est allé, merci du conseil, c’était très sympa ! » Alors, on ne décide pas à la place des gens, mais c’est vrai que ça reste une vitrine publicitaire comme une autre. Et effectivement, tu peux influencer un peu les gens.

Je prends un autre exemple complètement dans le thème de Dailyn et du commerce de proximité. Moi, j’essaie quand même de laisser la place aux petits commerçants. Par exemple, il y a une boutique photo rue de la Monnaie, Camara. Au début, j’achetais tout mon matériel photo à la FNAC et dans les grandes enseignes et j’ai découvert cette boutique du Vieux-Lille. Et maintenant, à mon niveau, dans ma thématique, il y a beaucoup de gens qui me demandent des conseils photo, des conseils matériels, etc. Et tu vois, moi, je sais que je joue un rôle en leur disant : « Allez là-bas, chez Camara, vous aurez du conseil pertinent, on ne va pas essayer de vous vendre un truc mais on va vous donner du conseil. C’est peut-être parfois un peu plus cher, mais ça vaut le coup, autant pour le service après-vente, etc. »

Donc oui, je pense qu’on influence un peu les avis des gens.

Samuel Baba alias baba_sam, photographe Lillois

Quel est ton commerce préféré à Lille ?

Justement, cette même boutique photo, Camara, parce que je me sens investi de cette mission de dire : « Allez là-bas. »

C’est mon petit repère, j’adore y passer, même juste pour dire bonjour.

Que penses-tu de la décision de Mark Zuckerberg d’enlever les likes sur Instagram ?

Alors, c’est marrant, parce qu’au début, quand on en a entendu parler il y a à peu près 6 mois, je me sentais un peu vexé. Parce qu’en fait, mine de rien et sans se le cacher, moi et je pense que beaucoup d’autres personnes, nous sommes très proches de nos statistiques. Enfin, moi, en tout cas. Je sais qu’il y avait toute une période où j’aimais bien surveiller ma progression. C’est un petit peu comme une performance sportive, quand tu cours, quand tu t’entraînes, quand tu mets de l’énergie dans quelque chose, tu aimes bien améliorer ton temps.

Mais au final, ce n’est pas une mauvaise idée. Je me dis qu’au final, ce n’est pas plus mal de sortir des statistiques et de ne plus être regardant sur qui a le mieux marché, mais plutôt de porter son regard sur l’artistique. Je pense que c’est aussi en ça qu’ils ont réfléchi, pour essayer de changer les choses.

Quels sont tes prochains projets ?

Il y a ce festival photo qui a été lancé en 2019 et qui devait voir le jour en 2020, mais qui malheureusement a été reporté à cause du confinement. C’est Lille is fantastic. C’est un festival photo qu’on a lancé à six et qui a eu un impact assez incroyable, parce qu’on devait de base être une centaine de personnes et on a fini a quasiment 1 000 visiteurs sur la soirée. Et donc il y a une deuxième édition qui était en préparation, qui est toujours en préparation, mais qui sera beaucoup plus grande, parce qu’on veut inclure les enfants. On veut faire découvrir la photo, faire découvrir les arts graphiques, l’image, le montage photo, etc. Il y a tout une dimension pédagogique que j’essaie d’apporter cette année. Donc c’est pour moi le gros projet qui verra le jour dans les mois suivants.

Et puis après, j’ai pas mal de contrats photo qui sont en train de se mettre en place, que vous verrez peut-être bientôt dans la rue…