Florent Taillandier de Manga Dokaze à Lille : «26 000 mangas en stock»

Florent Taillandier de Manga Dokaze à Lille : «26 000 mangas en stock»

Manga Dokaze à Lille est une boutique spécialisée en mangas d’occasion et autres goodies de l’univers manga.

Florent Taillandier de Manga Dokaze à Lille

Vos mangas, vous les achetez neufs ou d’occasion ? Manga Dokaze à Lille est une boutique spécialisée en mangas d’occasion et autres goodies de l’univers manga.

Cette boutique a été créée en 2015 par Florent Taillandier. Nous l’avons rencontré 🎙

Quel est le concept de Manga Dokaze à Lille ?

Nous vendons tout type de manga. On a à peu près 26 000 mangas en stock. On n’a pas tout ce qu’on voudrait parce qu’on n’a pas assez de place, malheureusement.

On propose vraiment tout type : aussi bien pour les enfants (ce qu’on appelle du kodomo), que pour les jeunes (donc Shōnen, Dragon Ball, Fairy Tail, etc), pour les filles également (ce qu’on appelle le shōjo et yaoi aussi), et puis pour les lecteurs plus matures (du Seinen par exemple, qui va traiter de choses beaucoup plus pointues).

Qu’est-ce qui rend votre commerce spécial ?

Tout simplement, ça s’appelle Manga Dokaze, parce qu’on propose de l’occasion. J’ai été le premier à faire ça à grande échelle : racheter des mangas d’occasion et les revendre presque à moitié prix. C’est ce qui fait que ça a bien marché, parce qu’il fallait apporter quelque chose de nouveau.

Notre autre plus, c’est de proposer aussi des goodies à côté : de la maquette japonaise, par exemple. Des choses un peu plus pointues, qui vont être moins grand public et plus destinées à un public de passionnés, de connaisseurs.

Comment fonctionne le système d’occasion ?

En fait, d’abord, on vend du neuf classique. Et par exemple, vous, vous êtes client, vous venez pour acheter du neuf, mais vous avez peut-être des vieilles séries que vous ne lisez plus. Donc vous pouvez nous les apporter, et on vous l’achète, soit avec de l’argent en cash, soit avec un bon d’achat (avec un bonus, puisque vous rachetez dans notre magasin). Donc ce sont nos clients qui nous vendent leurs mangas.

Là, on a à peu près 26 000 mangas en stock et environ 6 000 en occasion.

Manga Dokaze à Lille

D’où vous vient cette passion du manga ?

Alors, on va remonter vers la fin des années 80, début des années 90. En fait, je regardais les animés qui passaient à la télévision, et j’ai découvert qu’ils étaient quasiment tous japonais. Je jouais également à des jeux vidéo japonais sur les anciennes consoles telles que NES et Megadrive.

Et vers 1994-1995, les éditeurs en France se sont intéressés à ces fameuses bandes dessinées japonaises, les mangas, et donc, les mangas sont arrivés en France. Et l’un des intérêts des mangas, c’est que par rapport aux versions animées qui passaient à la télé, ce n’était pas censuré. À la télévision, comme ce sont des dessins animés, destinés à un jeune public, certaines scènes des mangas étaient trop violentes et étaient censurées. Ce qui est normal, vu que ces mangas étaient plus destinés à un public d’adolescents ou d’adultes au Japon.

Alors, quand les mangas sont arrivés en France, en versions non censurées, on a découvert plein de choses ! En termes de scénario, en termes de tout, c’était beaucoup plus pêchu. Et c’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser au manga. En fait, c’est souvent la version originale d’une œuvre, comme un livre par rapport à une adaptation de film.

Ce projet de commerce, je l’avais déjà eu en 2003. Mais c’est en 2012, alors que mon boulot ne me plaisait plus, que je me suis lancé. J’ai construit mon projet et je l’ai vraiment centré sur les mangas.

Manga Dokaze à Lille

Y a-t-il des best-sellers dans votre boutique ?

Oui ! Des titres comme Berserk, qui sont déjà sortis chez trois éditeurs différents en France, on en vend des quantités dingues ! Parce qu’il y a eu trois films d’animation qui sont sortis qui ont remis la série au goût du jour, alors que la série date de 1989.

JoJo’s Bizarre Adventure, Berserk, etc. Ce sont des séries qui ont percé grâce à l’animé. À chaque fois, quand ça se vend vraiment bien, quand ça touche un très large public, c’est grâce aux animés.

Pour JoJo’s Bizarre Adventure, ça a été le cas. Quand j’ai ouvert en 2015, on en vendait environ un par mois, et là, on en vend une quinzaine à la semaine ! L’animé est vraiment un boost pour la version physique papier.

Avez-vous un type de clients ciblé ?

On l’avait au début, oui. C’est-à-dire qu’au départ, on fonctionnait uniquement au bouche-à-oreille, donc on touchait plutôt un public de passionnés.

Cinq ans plus tard, effectivement, on a une clientèle beaucoup plus large. Aujourd’hui, il y a plusieurs générations de lecteurs de manga. Il y a ma génération, d’une quarantaine d’années, celle de trente ans, et celle de 20 ans et moins. Et notre public cible maintenant a environ entre 15 et 25 ans. Oui, on a quand même un public assez jeune. Et après, filles ou garçons, c’est 50/50. Alors qu’à l’époque, c’est vrai que le monde du manga était exclusivement masculin.

Le monde du manga est de plus en plus développé en France. Comment expliquez-vous ce succès ?

Ah oui, carrément, ça n’a plus rien à voir avec il y a plus de 20 ans ! Pourquoi ? Parce qu’il y a déjà plusieurs générations qui connaissent, parce que les gens ont moins d’idées reçues sur les mangas, parce qu’ils ont bien vu que les mangas, ce n’était pas que de la violence… Il y a encore quelques clichés, forcément, mais beaucoup moins.

Par exemple, une majorité de parents aujourd’hui savent qui est Sangoku, ou Pikachu. Il y a 20 ans, ma mère, elle ne connaissait pas, alors qu’il y avait des posters partout dans la chambre. Mais aujourd’hui, elle ne connaît toujours pas, car ça ne l’intéresse pas, ce n’est pas sa génération. Aujourd’hui, c’est différent, notamment parce qu’il y a les animés.

L’image du manga a bien changé. C’est même devenu à la mode, tendance. C’est bien, les choses changent !

Manga Dokaze à Lille

Pourquoi avoir choisi la rue de la Clef à Lille pour vous installer Manga Dokaze ?

À la base, je ne suis pas d’ici, je suis amiénois. À Amiens, il n’y avait pas grand-chose dans les années 90 et on bougeait toujours soit sur Paris, soit sur Lille. Et quand on venait sur Lille à cette époque, la rue de la Clef, c’était la rue de la nouvelle culture. Donc il y avait des boutiques de jeux vidéo (qui faisaient de l’import japonais), des boutiques de BD, de comics, de figurines, du vinyle, des skates shop… D’ailleurs, c’était une rue qui était un peu « malfamée » à une époque et les loyers n’étaient pas chers. 

Aujourd’hui, tout ça a changé, (et le loyer est cher), mais j’ai voulu me positionner ici pour le clin d’œil par rapport à ce que moi j’ai connu dans cette rue.

Et puis, on est dans le centre-ville. Quand vous venez en bus, en train, en métro, la gare est à cinq minutes. Quand on a un magasin physique, l’emplacement, c’est super important. Donc j’ai préféré miser sur l’emplacement, même si ça nous coûte. Mais aujourd’hui c’est payant, parce que ça marche ! 

Quelle est votre stratégie digitale ?

On est toujours sur les réseaux sociaux, en non sponsorisé, parce qu’aujourd’hui, je n’en ressens pas le besoin. On a un site internet, aussi, qui commence à être bien ficelé.

On fait pas mal de partenariats avec des locaux, avec des gens qui ont des shops en rapport avec la culture japonaise : par exemple, l’épicerie japonaise le Petit Konbini, ou des personnes qui donnent des cours de japonais. On fait pas mal des choses comme ça pour faire vivre la communauté, pour faire vivre cette culture japonaise, et pas uniquement le manga.

Manga Dokaze fait partie des commerces de Lille référencés sur l’application Dailyn. Pourquoi avez-vous commencé cette aventure avec nous ?

Aujourd’hui, on est tous avec nos téléphones, tous ! Et Lille, c’est très touristique. Et quand on va dans une ville qu’on ne connaît pas, on cherche sur Internet. Moi, je regarde beaucoup les chiffres, forcément, et quand je vois qu’en un mois, il y a 7 500 personnes qui sont allées voir la page de Manga Dokaze à Lille sur Google, et 350 qui ont regardé le chemin pour s’y rendre… Je me dis que oui, effectivement, ça vaut quand même le coup de digitaliser sa boutique.

Manga Dokaze à Lille

Quel serait le conseil que vous donneriez à un futur commerçant qui souhaite se lancer ?

Je lui dirais de prendre son temps. Moi, j’ai mis 3 ans à monter un business plan et revoir tout le projet à plusieurs reprises. Il faut bien cibler la demande, se mettre à la place du futur client.

Aussi, d’avoir quand même les reins solides financièrement. Parce que, je peux vous le dire aujourd’hui, le projet de Manga Dokaze à Lille coûtait 70 000 euros, et la banque a suivi à hauteur de 20 000 euros. Et ça, c’était en 2015…

C’est du boulot ! Et c’est de la passion aussi. Si vous visez un public de passionnés, il faut y aller avec son cœur. Mais il y a quand même une partie business qu’il ne faut pas oublier.

>> Manga Dokaze à Lille : 7 Rue de la Clef, 59000 Lille