Nathalie, de Richesses des Andes : « Le Pérou à Lille ! »

Nathalie, de Richesses des Andes : « Le Pérou à Lille ! »

Dans son concept-store, Nathalie vous invite au voyage, à la découverte de son pays d'origine, le Pérou.

Nathalie de Richesses des Andes, à Lille

Nathalie Carrasset est une Lilloise d’origine péruvienne. Elle a créé au mois de septembre 2019 sa boutique thématique, sur son pays d’origine, à Lille : Richesses des Andes.

Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?

C’est une reconversion professionnelle. J’ai à la base une formation initiale en économie appliquée, en contrôle de gestion, en audit, etc. Et j’ai jusque-là évolué dans ce milieu professionnel. Ensuite, j’ai suivi mon mari en expatriation professionnelle au Brésil. Et en revenant, ça a été l’occasion pour moi de me poser, de savoir vraiment ce que j’avais envie de faire, et j’ai ressenti le besoin de me recentrer sur mes racines. J’avais fait un peu le tour du monde de l’entreprise et j’avais surtout envie d’exprimer mon côté un peu plus créatif. Et puis je suis arrivée à un âge où le marché du travail ne m’attendait plus forcément … J’ai donc eu envie de me lancer dans ce projet, un nouveau défi, et de pouvoir partager mes racines.

Richesses des Andes, à Lille

Quel est le concept de votre commerce ?

C’est vraiment une invitation au voyage, de partir à la découverte de la culture et de toutes les richesses naturelles du Pérou.

Il y a d’abord une partie épicerie, qui permet de trouver tous les produits du quotidien des ménages au Pérou. Et après, une partie bio et vrac, dans une démarche de commerce équitable. Ma matière première vient toujours du Pérou. Et pour tout ce qui est bio et vrac, c’est dans la majeure partie des cas transformé en France, avec une société qui est dans la même démarche éthique de commerce équitable.

J’ai aussi un lieu de petite restauration sur place, qui permet de découvrir les produits que j’ai en boutique, et puis de faire découvrir de nouvelles saveurs. Dans ma boutique, j’ai des produits qui sont connus du grand public, comme le quinoa, mais il y a d’autres choses plus rares qu’on ne connaît pas, comme la lucuma, le maïs violet… Ça, ce sont des choses qu’il faut que je fasse goûter pour les faire découvrir, pour montrer comment on peut les utiliser et les cuisiner.

Et comme j’aime bien tout ce qui est pâtisserie, et qu’au Pérou aussi, c’est assez gourmand, j’ai aussi un côté salon de thé. C’est-à-dire que la petite restauration se transforme en salon de thé pour l’après-midi. Et là, je propose des alfajores, des King Kong, souvent j’ai du turrón…

L’idée c’est soit vous faire découvrir quand vous ne connaissez pas, soit de répondre à une nostalgie, un souvenir, ou alors, pour les Péruviens qui sont ici, de pouvoir recuisiner avec les vrais produits de chez eux. Je vois combien ça leur fait plaisir de retrouver leurs produits !

Je propose aussi des ateliers dans le local, comme notamment des groupes de conversation en espagnol.

Richesses des Andes, à Lille

Et tous les produits que vous vendez viennent du Pérou ?

Toute la matière première vient de Pérou, oui.

Comme je viens de démarrer il n’y a pas très longtemps, je ne peux pas travailler en direct avec le Pérou, ou alors pour des produits vraiment très ciblés. Je vais régulièrement au Pérou et quand je me suis lancée dans ce projet, j’avais repéré des producteurs avec qui je voulais absolument travailler. C’est le cas des huiles et du chocolat. Mais c’est vraiment pour faire des petits clins d’œil. Sinon, pour les produits plus épicerie salée et sucrée, là, je travaille avec des grossistes qui sont déjà basés en Europe (notamment en Espagne ou au Pays-Bas), parce que pour les quantités, pour l’instant je ne peux pas gérer directement avec le Pérou.

Vos produits sont plutôt bon marché, alors que ce sont des produits qui viennent de loin…

Oui, c’est une volonté de ma part : que ça reste des produits accessibles. J’essaie de maîtriser justement ma marge. L’idée, encore une fois, c’est de faire découvrir, donc si ce n’est pas accessible à tous, le concept ne fonctionne pas. Et puis je rencontre beaucoup de jeunes étudiants qui sont allés au Pérou, soit en mission humanitaire, soit pour étudier, et ils ont souvent un pouvoir d’achat qui est assez relatif… Mon objectif vraiment aujourd’hui, c’est de faire connaître le Pérou et de partager, et pas de devenir milliardaire.

Richesses des Andes, à Lille

Pourquoi vous êtes-vous focalisée sur le Pérou ?

En fait, je suis assez perfectionniste et je ne saurais pas parler de quelque chose que je ne connais pas. Donc j’ai commencé par le Pérou, parce que j’avais besoin de me centrer sur mes racines, et parce que c’est aussi le pays que je connais le mieux. J’avais besoin de me sentir à l’aise dans ma proposition, car je voulais que ce soit quelque chose d’authentique. Je connais un petit peu le Brésil pour y avoir vécu trois ans, donc effectivement je ne m’interdis pas d’élargir un peu les horizons.

D’ailleurs, j’ai appelé la boutique Richesses des Andes aussi pour me donner, dans un second temps, une ouverture sur l’Amérique Latine plus largement. Mais voilà, j’ai envie d’y aller pas à pas, en me donnant le temps de connaître et d’appréhender les cultures de chaque pays.

Avez-vous une clientèle plutôt étrangère ou lilloise ?

Quand j’ai fait mon étude de marché, on m’a demandé de définir mon public cible, parce que s’adresser à tout le monde c’est s’adresser à personne … Mais en fait, je me rends compte que j’ai tous les profils ! J’ai des jeunes, j’ai des moins jeunes, j’ai des filles, des garçons… Je n’ai pas une seule cible.

Les enfants adorent parce qu’il y a de la couleur, des tambours, de la musique. Les adultes de tout âge aiment bien aussi parce que l’endroit est assez chaleureux. Les jeunes aiment bien venir ici boire une bière … Donc il y a vraiment tous les profils, tous les âges, et ça, c’est sympa ! C’est vraiment la mixité que je voulais aussi, et que tout le monde puisse se rencontrer, se mélanger …

Richesses des Andes, à Lille

Il y a beaucoup de Péruviens à Lille ?

Oui, il y a une grande communauté de latinos en général, et même plus précisément, une grande communauté de Péruviens. Je savais avant de créer mon concept qu’il y avait une association « Peruanos en Lille« , que j’ai contacté quand j’ai commencé à travailler sur le projet. Mais avec la boutique, je croise des Péruviens tous les jours et finalement ils ne se connaissent pas tellement entre eux, parce qu’ils sont déjà intégrés ici ou ils sont mariés à des Français, et qu’ils ne cherchent pas forcément à créer une communauté. Mais en venant, ils sont contents de voir qu’il y a une boutique qui existe avec leurs produits, de croiser d’autres compatriotes, et bien sûr, d’échanger quelques mots !

Y a-t-il d’autres commerces qui représentent le Pérou à Lille ?

Non, il n’y en a pas à ma connaissance. En tout cas, sous forme d’épicerie, il n’y en a pas. Il y a Mestizo, mais c’est plutôt chilien, vénézuélien… Il y a Mexicali, mais c’est de l’artisanat et c’est du Mexique. Par contre, il y a un restaurant péruvien à Lille, qui s’appelle le TUMI.

Richesses des Andes, à Lille

La culture péruvienne est de plus en plus connue dans le monde, surtout par sa gastronomie. Comment pourrait-on expliquer cette émergence, selon vous ?

Les Péruviens sont des gens qui sont très modestes et très réservés. Ils sont très chaleureux et accueillants, mais ils n’ont pas l’habitude de s’exposer. C’est vrai que la culture a surtout émergé par la gastronomie, mais pas parce que ce sont eux qui se sont exposés, mais c’est parce que le tourisme a fait qu’on a été amené à découvrir la cuisine. Ce sont les touristes et les chefs cuisiniers qui ont fait émerger la culture péruvienne mondialement, et petit à petit, la curiosité a fait qu’on en parlait de plus en plus du pays. Mais c’est vrai que c’est un peuple très modeste, donc c’est pour cela qu’on en parlait peu jusqu’à présent.

Vous entreprenez seule ?

Oui, et encore maintenant, je suis seule en boutique.

Il y a un côté vraiment stimulant et excitant d’entreprendre seule. Parce que voilà, j’ai une idée, hop, je la mets en pratique moi-même. Je n’ai pas besoin d’avoir l’aval de quelqu’un. Mes idées viennent plus du contact avec les clients, d’échanges que j’ai avec eux, des idées qu’ils ont, …

Pourtant, je ne suis pas du tout quelqu’un de solitaire. Quand je suis rentrée du Brésil et que je me suis rendu compte que le marché du travail était un peu fermé pour moi, au début, je me disais que je serais incapable de travailler seule. Comme quoi il ne faut jamais dire jamais !

C’est quelque chose que j’apprécie pour la liberté d’action que ça me donne. Et puis je ne suis jamais dans une routine.

Après, effectivement, là, en septembre, je m’étais donné à fond entre la préparation de projet et l’ouverture, et c’est vrai que je suis arrivée à Noël plus qu’épuisée. Même mon entourage s’inquiétait parce que j’avais perdu un peu de poids… Mais bon, c’était tellement stimulant !

Par contre oui, je n’ai pas envie de rester toute seule. Quand on est toute seule, il y a forcément des choix à faire, parce qu’on ne peut pas tout faire. Et par exemple, moi, je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à la communication. Là, j’ai fait mon site internet pendant le confinement, parce que je n’avais jamais eu le temps de le faire avant. Toute seule, il y a quand même des choses que je ne peux pas faire.

Et puis même par rapport à la vie de famille, j’aimerais bien avoir quelqu’un pour m’épauler. Une fois que la boutique est un peu lancée, ça pourrait être sympa quand même d’être un peu plus souvent là le soir au dîner avec mes enfants…

Donc oui, j’aimerais bien être secondée par quelqu’un, ne serait-ce que pour mieux faire les choses.

Richesses des Andes, à Lille

Pourquoi avoir choisi la rue Gambetta ?

Pour la mixité, pour l’ambiance que je voulais trouver autour de ma boutique. Je me suis toujours dit que c’était vraiment là que je devais ouvrir. C’était vraiment cette rue et pas une autre, pour le côté mixitécosmopolite. Il y a toutes les nationalités dans cette rue, il y a beaucoup d’étudiants, et il y a aussi tous les âges qui sont représentés dans la rue Gambetta.

Comment gérez-vous vos réseaux sociaux ?

Moi, j’avais Facebook. J’utilisais déjà Facebook à titre personnel, et du coup j’ai créé la page de ma boutique. Mais ma fille m’a dit que Facebook, c’était pour les vieux, et elle m’a expliqué comment créer un compte Instagram aussi. Et puis j’ai aussi mon site internet, créé pendant le confinement.

Mais la communication se fait beaucoup par bouche-à-oreille. Les amis d’amis d’amis, les habitués, les gens du quartier… Et puis les gens, quand ils passent, ils sont curieux et ils regardent. J’aime beaucoup mettre des affiches sur la vitrine aussi.

Richesses des Andes, à Lille

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’aventure Dailyn ?

Parce que je suis franco péruvienne, donc j’ai des attaches des deux côtés. Et puis Lille, c’est ma ville d’adoption (depuis 2003), donc j’ai vraiment envie de m’intégrer dans le tissu local, et j’ai vraiment envie de montrer cette mixité aussi, cette fusion entre les deux cultures.

Une fois, j’avais même fait des empanadas au poulet au maroilles, et une tarte au sucre avec du sucre de canne roux complet du Pérou. Donc voilà, je m’autorise des petits clins d’œil, parfois.

Et en plus de ces petits clins d’œil ponctuels, quand je peux, j’intègre tout ce projet dans le tissu local. Par exemple, mes ateliers sont animés par des créateurs locaux (et j’essaie qu’ils aient plus ou moins un lien avec le Pérou).

J’ai vraiment envie de faire cet échange-là, cette communication, cette fusion. Donc c’est aussi pour ça que j’ai souhaité intégrer la MarketPlace Dailyn.

Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

C’est difficile parce que je suis encore sur mon petit nuage du projet, du lancement. Dans cinq ans, j’espère être toujours là, mais peut-être avec un local plus grand. J’aimerais aussi développer la partie petite restauration (mais sans être un restaurant), et proposer des choses un peu plus travaillées. Et puis peut-être ouvrir d’autres à ArrasValenciennes, ça pourrait être sympa !

>>Richesses des Andes : 257 Rue Léon Gambetta, Lille.